God Save the Tuche de Jean-Paul Rouve : Des frites bien salées
- Roméo Champagnat
- 26 févr.
- 2 min de lecture
Dépourvu de qualités sur le plan cinématographique, la saga Tuche n’en est pas moins attachante. Emblème du cinéma populaire français de notre époque, elle a su nous amuser à travers les aventures de cette famille d’excentriques, aujourd’hui de retour dans un cinquième long-métrage.

God Save the Tuche est réalisé cette fois-ci par Jean-Paul Rouve, l’interprète du père Jeff Tuche. Le film a le mérite d’avoir à nouveau cette caractéristique plaisante, que l’on retrouve dans les trois premiers : la rencontre entre un monde populaire et un monde élitiste. Ainsi, après avoir côtoyé la bourgeoisie monégasque et américaine, ainsi que l’Élysée, les Tuche sont à présent invités chez le roi d’Angleterre.
Face à la Monarchie britannique, qui s’impose comme le monde élitiste suprême de la saga, les Tuche deviennent plus extravagants que d’habitude. Ils vont transformer la fête au château du roi en un véritable festin de vulgarité. Tout ce qui pouvait être comique dans les précédents films l’est davantage.
Cette extravagance est donc en même temps une force qui permet aux Tuche de triompher sur un environnement différent du leur. Notamment pour la mère Cathy (Isabelle Nanty), qui, en plus de voir la reine imiter la manière dont elle lave un carreau, finit par être anoblit. Quant à sa fameuse recette de frites, elle est désormais exposée au British Museum, juste à côté de la Pierre de Rosette.
La considération qu’ont de nombreux spectateurs pour la saga Tuche tient peut-être aussi aux nombreuses références à la culture populaire, qu’elles soient cinématographiques, musicales ou sportives. God Save the Tuche ne fait pas d’exceptions, et nous pouvons par exemple voir Jeff faire une prière en l’honneur de Zidane, que l’on devine comme étant une parodie du Je vous salue Marie. Le passage de la famille en Angleterre permet de multiplier des références spécifiques à la culture anglaise, qui vont des Beatles à Harry Potter. L’évocation de l’œuvre de J.K. Rowling donne lieu en particulier à des scènes idiotes mais drôles. Nous retenons celle où l’on découvre que Jeff compte se rendre chez le roi, habillé comme un élève de Poudlard, baguette à la main évidemment. Mais également celle où la fille aînée Stéphanie (Sarah Stern) est persuadée qu’elle est en train de discuter avec Voldemort, alors qu’il ne s’agit que d’un vieil homme chauve.
Enfin, nous ressentons un plaisir coupable vis-à-vis de la façon dont est traité le génie de la famille Tuche, Donald (Théo Fernandez) dit « coin-coin ». Son côté intello parfait, conscient de l’être, avait fini par faire de lui, l’un des personnage les moins empathiques de la saga. Cependant, lorsqu’il tombe sous le charme d’une jeune aristocrate (qui s’appelle Daisy !), il abandonne ses valeurs. Alors que la première partie du film nous le montre comme un écologiste radical, faisant Londres-Oslo à pied, il accepte sans hésitation de monter dans le jet privé de cette dernière, pour passer un week-end à Dubaï en sa compagnie. Décidément, l’indécence domine dans God Save the Tuche, et ce n’en est que plus satisfaisant.
Roméo Champagnat
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