Juré n°2 de Clint Eastwood : entre culpabilité et prise de conscience
- Camille Goasdoué Vocanson
- 20 déc. 2024
- 2 min de lecture
Juré n°2 nous plonge dans l’intensité d’un procès, où chaque décision pourrait y changer la finalité, mêlant tension et dilemme moral à chaque instant.

L’histoire suit Justin Kemp, un homme menant une vie apparemment paisible avec sa femme enceinte. Sa vie bascule lorsqu’il est convoqué pour être juré dans un procès pour meurtre. On va alors apprendre une terrible vérité : Justin est en réalité l’auteur du crime. Ce point de départ va alors plonger le spectateur dans un dilemme moral vertigineux. Doit-il protéger sa famille en dissimulant la vérité, ou prendre ses responsabilités, au risque de perdre tout ce qui lui est cher ? Dès les premières minutes du film, on est présent dans le quotidien de Justin, ce qui crée une proximité immédiate avec lui. L’aspect psychologique du film est particulièrement bien exploité. Le spectateur devient presque un juré lui-même, analysant chaque action, chaque regard, se construisant son propre scénario. Au fur et à mesure du procès, on ressent l’angoisse de Justin. Mais là où Juré n°2 se distingue, c’est dans sa construction narrative. L’intrigue ne se limite pas à Justin : on explore également les perspectives des deux avocats, de l’accusé et des autres jurés. Les différents points de vue apportent plus de richesse à l’histoire et lui donnent plus de profondeur.
Sur le plan esthétique, plusieurs aspects méritent d'être soulignés. Les couleurs sont très vives, le vert et le jaune dominent la plupart des scènes. Malgré ces fortes couleurs, le style visuel reste assez sobre, formel, ce qui convient parfaitement à l’atmosphère pesante du film.
La musique discrète, oppressante et profonde à la fois, permet de tenir en haleine le spectateur et ajoute un sentiment de malaise, on pressent que quelque chose de terrible est sur le point de se passer.
Cependant, quelques points négatifs sont à noter. Les dialogues sont souvent « plat », n’apportent pas grand-chose à l’histoire, et manquent de profondeur. Par ailleurs, certaines scènes sont incohérentes. Par exemple, lorsque l’avocate de la victime recherche le nom de la femme de Justin sur internet, il semble peu crédible qu'une simple recherche en ligne fournisse autant d’informations détaillées, ce qui nuit à la cohérence de cette scène. Les 12 jurés ont des profils assez stéréotypés : une étudiante en médecine, une mère de trois enfants, un homme mystérieux, un jeune de 20 ans qui se fiche de ce procès… Au fil du film, on découvre des détails sur leur vie , mais tout reste prévisible et manque d’originalité. De plus, tous veulent condamner le présumé coupable, sauf bien sûr Justin, qui joue l’avocat du diable.
Pour conclure, Juré n°2 incite à une réflexion approfondie sur le système judiciaire américain, en mettant en lumière ses forces mais surtout ses failles. À travers des situations complexes et des dilemmes moraux, il interroge le fonctionnement de la justice, la place des préjugés et les pressions exercées sur les juges, avocats et jurés. Au-delà de cette dimension judiciaire, le film amène le spectateur vers une réflexion plus large sur la société et la morale. Des questions fondamentales sont posées, comme par exemple sur la vérité ou encore la responsabilité personnelle. Clint Eastwood arrive à tenir en haleine le spectateur à travers un thriller prenant et captivant à la fois.
Camille Goasdoué Vocanson
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