Conclave d’Edward Berger : Mystère et révélation au sein du Vatican
- Camille Goasdoué Vocanson
- 7 mars
- 3 min de lecture
Adaptation du roman de Robert Harris, Conclave nous plonge au cœur d’un thriller politique captivant. Le film commence sur une note dramatique, on est aussitôt introduit dans l’histoire. Le pape vient de mourir, il faut donc de toute urgence trouver son successeur. C’est le cardinal Lawrence, qui va être chargé de superviser ce qu’on appelle le conclave. Les cardinaux, tous venant de différents pays, vont être appelés et, pendant des semaines, ils seront isolés, au sein du Vatican, du monde extérieur afin d’élire le nouveau pape. Pendant deux longues heures, on ressent la pression, l’angoisse, et l’enfermement des cardinaux. On voit presque toujours les mêmes lieux. Les chambres, la cantine, et le lieu de vote, ce qui insiste sur cette idée de confinement. Tous aspirent à succéder à cette importante fonction, et certains n'hésitent pas à saboter leurs rivaux pour atteindre leur objectif. Conclave est absolument remarquable sur le plan esthétique. La lenteur des plans et les couleurs dominantes (pourpre, violet, bleu) renforcent la gravité de certaines scènes.

L’un des points forts du film est sa capacité à rendre accessible à tous un processus parfois méconnu du public. Les règles du conclave, le vote, les enjeux politiques, tout est expliqué de façon claire et simple. A travers certains plans et notamment grâce au jeu d’acteur de Ralph Fiennes et Stanley Tucci, on en apprend plus sur cet évènement assez mystérieux, on découvre les jeux de pouvoir qui se trament derrière les murs du Vatican. Les règles du conclave, le vote, les enjeux politiques sont expliqués de manière claire et didactique, mais la mise en scène va plus loin en soulignant les tensions sous-jacentes entre les personnages. À travers la composition des plans, l’utilisation de la lumière et du cadre, le film met en évidence les rapports de force et les jeux de pouvoir qui se trament derrière les murs du Vatican, donnant ainsi à cet événement mystérieux une dimension dramatique et immersive. Conclave atteint le spectateur au plus profond de lui-même, car outre l’histoire et le mystère, il va poser des questions notamment sur les relations humaines, les actualités (la guerre), mais aussi des interrogations sur la foi, le doute, etc. Ainsi, plusieurs thèmes sont abordés, permettant au spectateur de se questionner sur ces sujets.
La lenteur de certains plans est très appréciable, permettant ainsi à nous, spectateurs, de vivre l’instant en même temps que le personnage principal. Mais parfois, le film était un peu long, certaines scènes étaient « en trop », ou étaient trop longues
Un passage m’a beaucoup plu et marqué. Lors du scandale qui éclate dans le réfectoire, où on apprend la supercherie du cardinal Tremblay qui a voulu saboter un cardinal qui allait remporter toutes les voix, une sœur témoigne, aidant Lawrence à désigner coupable Tremblay. Dans le film, on ne voit que très peu les sœurs. Elles sont chargées de préparer les chambres, et servir les repas. Cependant, l’intervention de sœur Agnès, marque un point important. “although we, sisters are supposed to be invisible, god has nevertheless given us eyes and ears” (nous, les soeurs, sommes supposées être invisible, dieu nous à tout de même donné des yeux et des oreilles.). Ce témoignage inespéré montre que les femmes aussi veulent « participer » pour que le futur pape ne soit pas malveillant. Cette scène va donner de l’importance aux femmes dans l’histoire, c’est une véritable libération de la parole, dans un milieu très masculin. Cette intervention montre que les femmes ne sont pas que ici pour faire à manger, mais qu'elles apportent aussi leur grain de sel à l’histoire.
La fin, totalement inattendue, reflète le progrès réalisé dans le cinéma, où de nouveaux personnages interviennent, qui n’étaient peu ou pas mentionnés auparavant dans le 7ème art . Le cardinal Benitez, un Mexicain venu de Kaboul et initialement mal perçu par les cardinaux, parvient à les convaincre par sa sagesse. Avant son investiture, Lawrence le confronte et découvre son secret : Benitez est intersexe et devait subir une hystérectomie en Suisse, un fait connu de l’ancien pape. Lawrence accepte de garder le secret, permettant ainsi l’élection du premier pape intersexe de l’histoire. Une fin imprévisible et sensationnelle.
Avec un casting de qualité, on retrouve notamment Ralph Fiennes ou Stanley Tucci, vainqueur du Golden Globe du meilleur scénario et de l'Oscar du meilleur scénario adapté, Conclave est un des films de l’année 2024 à voir de toute urgence.
Camille Goasdoué Vocanson
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