Coup de Cœur - Une Bataille après l'Autre de Paul Thomas Anderson : l'art de la fiction politique.
- Rubens Quatrefages-Lenfant
- 10 oct.
- 2 min de lecture
Paul Thomas Anderson a encore frappé, et il frappe fort. Cette fois aux portes de nos consciences politiques et citoyennes pour dépeindre les États-Unis d’aujourd’hui ou de demain. Il questionne les extrêmes politiques dans une gigantesque caricature hyperréaliste, haletante et parfois cyniquement drôle. D’un côté, la gauche anticapitaliste représentée par un Leonardo DiCaprio en révolutionnaire paumé et, de l’autre, la droite fascisante, raciste et sectaire incarnée par un Sean Penn en terrifiant colonel de l’armée américaine. Un duel magistral et pourtant jamais face à face, entouré d’une myriade d’acteurs au sommet de leur art, Benicio Del Toro en magnifique défenseur d’immigrés, Regina Hall en protectrice de révolution et Tony Goldwyn en suprémaciste blanc très flippant.
Tout y passe : bureaucratie, masculinisme, société secrète, Deep State. Tout le glissement de la droite américaine dans la violence, le mensonge, la haine et toutes les conséquences qui en découlent. Face au fascisme certains se lèvent et contre-attaquent : sabotage, pose de bombe, braquage à main armé pour mettre à bas le grand capital. Ces deux extrêmes nous incitent à la nuance et au questionnement d’idées politiques.

Ce film est peut-être la meilleure représentation en fiction de la lutte au quotidien et de la banalité du mal, le tout génialement montré par une réalisation et une photographie très épurée, style caractéristique d’Anderson. Il nous fait ressentir tout le poids du temps sur les idéaux politiques et les personnes qui les portent : ceux qui complotent pour le bien (les révolutionnaires) et ceux qui complotent pour le mal (le KKK). Et, au milieu, d’autres citoyens, sans attache politique, portés à l’écran par Benicio del Toro mais aussi par la fille de Di Caprio, jouée brillamment par Chase Infiniti. Les deux personnages, avec peu de dialogues, font tout dans une justesse étonnante : l’un lutte pour les droits humains, l’autre pour sa survie et celle de la jeunesse.
A la fin, pendant le générique, étourdi, je repense à la bande originale qui rend ce voyage encore plus prenant et surtout, à la course poursuite la plus simple mais la plus haletante que j’ai vu de ma vie. Je ressors du cinéma, légèrement sonné, avec la sensation d’avoir vu un film important et qui m’a rappelé à quel point l’humain est un drôle de personnage.
Rubens Quatrefages-Lenfant
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