We Live in Time (L’amour au présent) de John Crowley : La vie pour de vraie
- Rubens Quatrefages-Lenfant
- 28 mars
- 2 min de lecture
We Live in Time, c’est l’histoire d’Almut et Tobias. Almut est une cheffe gastronomique et Tobias est représentant de commerce pour une marque de céréales. Deux destins que tout oppose, et qui pourtant par le hasard de la vie vont se rencontrer et construire une vie ensemble. Quand je dis « hasard de la vie » je ne parle pas de celui qu’on voit dans les films comme dans Coup de foudre à Notting Hill qui n’arrive jamais à personne. Non je parle de ce hasard percutant que nous envoie la vie, la vraie. Ce même hasard qui fait se rencontrer des amis de longue date qui ne s’étaient pas revues depuis des années, ce même hasard qui nous fait trouver le cadeau idéal pour un être cher. Bref le hasard de la vie. En entrant dans le cinéma, je m’attendais à voir une comédie romantique sympathique. En sortant, l’hésitation entre fiction et réalité appuyée par une narration non linéaire était si forte qu’il me semblait avoir presque vu un documentaire. Ce film, d'un réalisme saisissant, nous plonge dans ces vies entremêlées en tant qu'observateurs objectifs mais sans pour autant en diminuer l'impact émotionnel, ni nous enlever ces instants de vies que avons vécus ou qui ne demandent qu'à l'être. En plus d’être une comédie réussie, plus dramatique que romantique, le film nous offre un message de résilience, de relations passionnées et humaines, et finalement d’amour pour son prochain qui fait du bien. Ce film est moderne dans sa façon de représenter de manière réaliste la vie et de se rapprocher si près de celle-ci qu’on a du mal à croire à la fiction. Autour de ces vies, on parle de famille, d’amitié, de parentalité mais aussi de maladie et de deuil. Car le sujet principal du film, auquel je ne m’attendais pas, c’est la résilience dans l’épreuve de la maladie qui touche de très nombreuses personnes : le cancer. We Live in Time c’est finalement la manière avec laquelle ce couple va dépasser la maladie et continuer à vivre. Des choix sont faits, pas toujours les plus faciles mais ceux qui permettent de vivre pleinement, d’exister. Cette relation qui reste forte dans l’épreuve, qui connaît des hauts et des bas et n’est ni fantasmé, ni poussé à l’extrême ni toxique, amplifie cette fraîcheur nouvelle où l’amour n’est plus un exutoire comme dans Sailor et Lula mais bien un état d’esprit, une façon d’être. Cette vision du couple nous interrogent sur notre façon d’aborder le relationnel en tant qu’individu et comment apprendre de l’autre. Un message d’entente et de douceur nous submergent tout le long du long métrage qui me rappelle le très beau film en noir et blanc Nos âmes d’enfants de Mike Mills et plus récemment le magnifique A Real Pain de Jesse Eisenberg. Cette nouvelle façon d’aborder des sujets difficiles change la perception que l’on peut avoir sur le cinéma et la manière dont on peut s’en servir comme porteur de vie, d’amour et de beauté.
Rubens Quatrefages-Lenfant
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